Portrait du mois Avril 2023
Nous avons interrogé les deux partenaires du projet sur leurs expériences :
- Quelles sont les différences entre l’urbanisme en Tunisie et en Allemagne ? (Dr. Elmouelhi)
En Allemagne, la planification urbaine est un outil largement utilisé pour la gestion des villes. En Tunisie, cet outil a récemment acquis un rôle plus important et prend de plus en plus de place dans le discours sur le développement urbain. L’urbanisme en Tunisie fait face à des défis différents de ceux de l’urbanisme en Allemagne. En Tunisie, la planification urbaine doit gérer les zones urbaines sous-développées qui sont particulièrement freinées par le manque de ressources (financières et humaines), l’étalement urbain et l’informalité, la dégradation de l’environnement, en plus de l’absence d’une gouvernance urbaine locale efficace qui souffre encore d’un manque de participation active des populations vulnérables. Ces zones sont caractérisées par des taux de chômage élevés et une faible participation des citoyen·nes aux questions politiques, économiques et sociales, notamment chez les jeunes et les femmes.
En Allemagne, certains de ces problèmes existent également, comme par exemple le chômage dans certains quartiers, mais le système est capable de les traiter grâce à un certain nombre d’instruments et mécanismes par le biais de programmes et projets axés sur l’impact, avec des budgets alloués et des connaissances techniques qui conduisent à l’amélioration de ces quartiers sur le long terme.
- Vous avez analysé des espaces publics tels que des jardins d’enfants dans le Grand Tunis dans le cadre du partenariat financé par le DAAD. Pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet ? (Dr. Ben Medien)
Grâce au soutien du DAAD, les étudiant·es et enseignant·es de l’ISTEUB de l’Université de Carthage, de l’Université de Berlin (TU Berlin, Habitat Unit – International urbanism and design), de l’Université allemande en Jordanie, de l’Université de Yarmouk avec nos partenaires de la fondation MASARAT Jordan ont pu mener un projet participatif pour le réaménagement d’un jardin public à la cité Ettaamir à la Soukra. Ce jardin a été choisi en raison de la présence d’une école primaire dans son environnement immédiat. L’atelier était une réelle expérience pour nos étudiant·es puisqu’il fut la première expérience de conception et de réalisation d’un espace public en collaboration avec les habitant·es. Un intérêt particulier a été accordé aux enfants inscrit·es dans cette école. Un atelier participatif réalisé avec les enfants de 10 ans nous a permis de cerner les besoins de cette population invisibilisée de la ville. Nous avons expérimenté des méthodes pédagogiques, comme par exemple l’analyse du discours d’un enfant décrivant une journée idéale passée dans un jardin public, et du dessin de sa propre vision pour le jardin. Durant la phase de mise en œuvre, les enfants ont pris part au chantier en dessinant sur les murs et en participant aux travaux de peinture. Cette démarche participative nous a assuré l’acceptation du jardin aménagé et son appropriation par les enfants et les habitant·es du quartier. Dès la fin du chantier, les enfants ont investi les lieux et ont pu profiter du mobilier et des nouveaux jeux. De notre côté, nos étudiant·es ont ressenti une grande satisfaction, et ont pu constater l’importance du travail réalisé de manière collaborative avec des étudiant·es des autres universités.
- Quel rôle jouent les universités allemandes dans le cadre de la construction durable ? (Dr. Elmouelhi)
Les universités allemandes jouent un rôle crucial pour le développement d’un environnement bâti durable en s’impliquant dans les problèmes et défis réels auxquels les villes sont confrontées. Cela se fait en partenariat avec d’autres parties prenantes (gouvernement, secteur privé, société civile), et en intégrant les aspects sociaux, économiques et environnementaux. Cela s’illustre à travers la recherche académique et l’enseignement universitaire. De fait, les diplômé·es sont conscient·es de la manière dont les villes sont gérées et peuvent contribuer à leur amélioration.
- Une question qui s’adresse à vous deux : quel sont les trois éléments qui doivent être réunis dans la ville de vos rêves ?
Dr. Ben Medien : La ville de mes rêves est certainement une ville inclusive, c’est-à-dire donnant le droit d’accès aux services à toutes et à tous de manière équitable. Ensuite, la ville idéale serait une ville durable respectueuse de l’environnement et qui promouverait les énergies renouvelables, la mobilité douce, intégrant la nature, respectant son patrimoine… Enfin, la ville de mes rêves serait une ville résiliente qui se base sur l’innovation et les nouvelles technologies pour s’adapter aux changements climatiques et leurs aléas.
Dr. Elmouelhi : La ville de mes rêves devrait être un endroit pour tous et toutes, sans distinction de race, de couleur ou de religion. Tout le monde devrait avoir un accès égal au marché de l’emploi, au logement, aux infrastructures, à l’éducation et aux services de santé de bonne qualité, avec un accès à des espaces publics sûrs, des parcs verts, des terrains de jeux pour les enfants, en plus d’un réseau de mobilité sûr et bien connecté avec un bon réseau de transports publics et de voies piétonnes, qui permettent à chacun·e de profiter d’une vie urbaine de haute qualité.
Les candidatures pour les mesures relatives au partenariat Ta’ziz (courte durée) peuvent être soumises jusqu’au 31/05/2023. Pour plus d’informations, consultez la page: Ta’ziz (courte durée)